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Michel Van Den Berghe s’apprête à quitter les rênes du Campus Cyber. Un projet qu’il aura porté du berceau à un site de 28 000 mètres carrés réunissant la crème de ce que la cyber fait en France. Une initiative voulue par Emmanuel Macron et s’inspirant du centre Bethesda israélien. La réussite de Michel Van Den Berghe est aussi d’avoir su essaimer ce concept en régions alors que commencent à fleurir des labels campus cyber à Lille, Rennes, en Nouvelle Aquitaine puis bientôt Marseille. Les fondations physiques sont donc bien là.
Pour la suite, au-delà de nos grands acteurs Orange Cyberdéfense, Thales, Airbus cyber, nos ETI, PME et startups, il serait temps d’aller creuser encore le sillon au niveau de la formation et de l’enseignement. Et dans le domaine, il y a un modèle dont le secteur cyber pourrait s’inspirer : l’IA. En effet , nous disposons d’une école mathématique qui forme parmi les meilleurs ingénieurs en IA du monde, pourquoi ne pas tenter d’appliquer leurs recettes à la cyber.
Mettre notre excellence mathématique au service de la cyber
Sur les 200 plus grands cerveaux qui font l’IA aujourd’hui, près de la moitié sont… Français. La raison en incombe à l’excellence mathématique française composée d’écoles spécialisées de renom comme l’ENS ou Polytechnique, qui intègrent des programmes avancés en algorithmique. Ces formations sont précédées de concours exigeants (prépas et grandes écoles), qui favorisent une culture de la rigueur et de l’excellence. Appliquées à la cybersécurité, l’idée serait de créer des programmes d’élite dédiés, similaires à ceux de Polytechnique, orientés sur la cryptographie, l’analyse de vulnérabilités et la défense active. Pourquoi ne pas instaurer un concours national spécifique à la cybersécurité, à l’image des Olympiades de mathématiques, pour identifier et encourager les jeunes talents.
Populariser les disciplines dès le secondaire
Une autre piste consisterait à insuffler de la cyber bien plus tôt dans les cursus. A l’instar des mathématiques qui bénéficient d’une valorisation culturelle en France, il faudrait appliquer cette même logique à la cybersécurité. Cela impliquerait d’introduire des notions de cybersécurité dès le lycée avec des cours ou options en lien avec les bases du hacking éthique, la cryptographie, ou encore les principes de protection des données. En parallèle, nous pourrions organiser des hackathons ou challenges pour les jeunes, comme le font certaines écoles d’ingénieurs ou sensibiliser davantage les jeuns générations via les clubs d’informatique en intégrant des thématiques de cybersécurité, animés par des experts.
S’inspirer des écoles et écosystèmes étrangers
Nous vantons l’école mathématique française mais certains modèles internationaux sont particulièrement performants pour développer des compétences en cybersécurité. En Israël, tout part de l’armée israélienne (avec notamment l’unité 8200). Ce pays forme des experts en cybersécurité dès le lycée, avec une transition vers des startups ou des universités. En France, cela nécessiterait une collaboration plus forte entre les grandes écoles et des programmes civilo-militaires : cela pourrait accélérer la montée en compétences. Aux Etats Unis, les universités ont également déployés avec les entreprises des “cyber ranges”. Ce sont en fait des environnements de simulation d’attaques pour s’entraîner. On imagine bien le levier puissant si nous développions des infrastructures similaires en France (par exemple via l’ANSSI).
Valoriser et démocratiser les métiers
Contrairement aux mathématiques ou à l’IA, les métiers de la cybersécurité souffrent parfois d’un manque de visibilité et d’attractivité. Il faudrait mieux communiquer sur les débouchés. Montrer qu’il s’agit de métiers stratégiques, bien rémunérés, et valorisés dans tous les secteurs (finance, défense, industrie, santé). Nous pourrions également encourager une plus grande diversité des profils en ouvrant les filières à des talents venus de formations techniques, mais aussi de sciences humaines, pour intégrer des approches comportementales dans la cybersécurité. Il faudrait enfin mettre en avant des figures inspirantes de la cybersécurité, comme cela a été fait en IA avec Yann LeCun, Luc Julia, Cédric Villani ou plus récemment Arthur Mensch.
Renforcer la recherche et le lien industrie-académie
Bien que cela existe déjà dans l’univers cyber, il serait enfin judicieux de multiplier les chaires en cybersécurité dans les grandes écoles et universités tout en encourageant la création de startups de cybersécurité et favoriser l’intégration des doctorants dans ces projets pour transférer la recherche académique vers des applications concrètes.
En conclusion, pour bousculer le monde cyber, il faudrait combiner l’excellence académique, une sensibilisation précoce et des initiatives industrielles ambitieuses pour faire de la cybersécurité un domaine aussi prestigieux que les mathématiques et l’IA. Une telle stratégie pourrait renforcer la France tant au niveau européen que mondial en matière de cybersécurité.
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