La lettre de Frédéric Simottel n°87
Dans la newsletter d’aujourd’hui:
Pour les abonnés gratuits:
L’édito : Réveillons-nous ! La France est bien une cible prioritaire pour les hackers Russes
Pour les abonnés payants:
Tribune : Infrastructures financières : comment parvenir à sécuriser une surface d’attaque en expansion, par Xavier Duros, expert cybersécurité – Trend Micro
Études : 60 % des RSSI français considèrent la souveraineté des données comme un critère essentiel dans leurs décisions d’achats
A ne pas manquer sur le web : La souveraineté au coeur des enjeux cyber, une émission Tech & Co Business à retrouver sur BFM Business radio et TV
Je suis Frédéric Simottel, journaliste tech depuis plus de 30 ans. Je vous propose à travers cette newsletter dédiée à la cyber, de vous faire partager mon regard sur certaines actualités liées à la sécurité numérique des entreprises, aux innovations dans le domaine à partir de points de vue éditoriaux, tribunes, chiffres, études et articles.
L’édito de Frédéric Simottel
Si elle n’était qu’évoquée au détour de différentes discussions, la doctrine militaire cyber est désormais claire. Des mots mêmes du général Thierry Burkhard, chef d’Etat Major des Armées, dans le cadre de la guerre hybride menée par la Russie à travers le monde, la France figure clairement parmi les cibles prioritaires. Lors d’une conférence de presse, et sas jouer les lanceurs d’alerte mais en s’appuyant sur des indices et des faits précis, l’officier a été on ne peut plus clair : il a déclaré que la Russie, déjà à l’origine de nombreuses cyberattaques, menait déjà des offensives en France dans plusieurs domaines : cyberespace, espace, fonds marins et sphère informationnelle.
Compagnes pour diviser l’opinion publique
Campagnes de désinformation, manipulations sur les réseaux sociaux, attaques visant à semer le doute, pour diviser l’opinion publique et fragiliser la cohésion nationale. Le militaire a également a évoqué l’utilisation de proxys et d’actions symboliques, comme la diffusion de fausses alertes ou la mise en scène d’événements destinés à perturber la société française, y compris pendant les Jeux Olympiques (appelez vous l’épisode sur les punaises de lit…).
Appel à une vigilance collective
Face à ses menaces hybrides et systémiques, le général a appelé à une adaptation urgente des outils de défense et à une mobilisation collective. Son discours marque véritablement un tournant dans la communication militaire française, en nommant explicitement la Russie comme adversaire direct dans la guerre informationnelle et cyber, et en appelant à la vigilance et à l’unité nationale face à ces attaques.
S’il faut féliciter l’Armée et son gradé de plus haut rang d’avoir signifié de manière aussi précise et déterminée la menace. Je m’étonne que d’autres organismes n’aient pas rebondi dans l’instant pour diffuser notes et alertes auprès des entreprises, voire des citoyens. Souvenez-vous, à la triste époque des premiers attentats, nous avons reçu et été exposés à de nombreux messages appelant à une plus grande vigilance sur des sacs abandonnés, des comportements suspects. Sans créer de psychose collective, les autorités ont peu à peu aider à lever de plusieurs niveaux la sécurité dans nos vies quotidiennes, y compris au sein des entreprises avec portiques et systèmes de sécurité plus présents.
L’Anssi trop discrète dans les médias
En s’appuyant sur les propos tenus par le général Burkhard, il serait aujourd’hui assez simple de guider entreprises et collectivités à relever à leur tour leur niveau de vigilance cyber. Plus personnellement, j’aurai trouvé logique que l’Anssi prenne contact avec tous les médias pour lancer de nouveaux messages sur les risques cyber, entraînant dans son sillage tous ses relais en région. Certes nous sommes au cœur de l’été avec une activité des entreprises parfois mise au ralenti. Mais justement ! C’est la période préférée des hackers. D’aucuns rétorqueront que de nombreux sont déjà passés. Et qu’il n’y pas une semaine où est publiée une étude, un rapport sur l’état préoccupant de la menace. Oui mais… En s’intéressant de près à ces annonces, elles émanent le plus souvent d’opérations de communication issues acteurs du secteur. Au-delà de leur contenu souvent instructif et intéressant, la connotation commerciale est toujours perçue en filigrane, limitant la portée du message.
D’où l’importance d’une communication plus officielle. N’attendons pas le mois de la cyber (octobre) pour réagir. Comme le rappelle le général Burkhard, l’ennemi russe est déjà à nos portes, voire les a déjà franchies.
...