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Journaliste à BFM Business en charge notamment des questions de cybersécurité, je suis heureux de partager avec vous chaque semaine l’actualité du secteur mais aussi ma revue de presse et des tribunes

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Par Frédéric Simottel
18 juil. · 4 mn à lire
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Un pari à 23 milliards de dollars

La lettre de Frédéric Simottel n°62

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  • L’édito: Un pari à 23 milliards de dollars par Frédéric Simottel

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23 milliards de dollars ! Tel est le montant que pourrait débourser Google -selon les informations du Wall Street Journal- pour mettre la main sur la startup israélienne Wiz, spécialisée en cybersécurité. Presque un record dans le domaine après celui du récent rachat de Splunk par Cisco finalisé cette année, pour 28 milliards de dollars. Points communs de ces deux méga-acquisitions : la protection des environnements cloud. Wiz propose une remontée des incidents plus optimisée tandis que Splunk intervient dans l’analyse et la gestion des informations et évènements de sécurité (Siem). Les plus connaisseurs des deux plateformes noteront d’ailleurs qu’associer Wiz et Splunk prend tout son sens dans un environnement de cybersécurité aussi exigeant que le cloud.


Un pari à 23 milliards de dollars

Données, algorithmes, puissance de calcul, le triptyque est désormais bien connu dès qu’il s’agit de parler d’intelligence artificielle. Le cloud et la sécurité des données apparaissent dans un deuxième temps. Et justement c’est sur ce domaine qu’intervient la startup israélienne Wiz, que Google aimerait rallier sous son pavillon, non sans avoir débourser la coquette somme de 23 milliards de dollars (selon des informations parues dans le Wall Street Journal). Au passage, il s’agirait ni plus ni moins que la plus grosse acquisition du géant américain, loin devant les 12,5 milliards dépensés en 2011 pour racheter Motorola (qui fut finalement revendu en 2017 à Lenovo). 

La bonne étoîle des startups israéliennes

Moins connue que d’autres de ses consoeurs israéliennes de la cybersécurité, Wiz a été fondée en 2020 sur l’idée d’identifier et d’éliminer les cyberattaques dans les environnements cloud. Dès ses premiers pas, de bonnes fées se sont penchées sur son berceau parmi lesquelles figurent les fonds d’investissement Sequoia Capital, Andreessen Horowitz, Index Ventures ou encore LightSpeed Venture. C’est d’ailleurs ce qui fait la force de ces pépites cyber israéliennes d’attirer très vite des gros ventures capitalists américains qui les accompagnent dans leurs croissances stratosphériques. Jugez plutôt. 18 mois après son lancement, le chiffre d’affaires de la pépite dépassait les 100 millions de dollars. L’an passé Wiz a franchi les 350 millions. Récemment elle levait 1 milliard de dollars, la valorisant 10 milliards de dollars. Et on parle donc autjourd’hui de 23 milliards… Un rapport de grandeur que seuls quelques acteurs de l’IA générative ont atteint cette année. 

Sa spécialité : la cybersécurité des environnements cloud

Surfant sur un marché du cloud en constante progression, concentré autour des 3 hyperscalers majeurs. Son objectif est d’aider les entreprises clientes de ces clouds à sécuriser leurs systèmes en fournissant une visibilité complète des infrastructures -y compris les plus complexes-, en identifiant et en évaluant en temps réel tous les risques potentiels et chemins d’attaques. Mais plus que le métier de cette startup, sa liste impressionnante de partenaires, son portefeuille clients (où figurent ce qui se fait de mieux dans le Fortune 500), ce qu’il faut retenir de cette potentielle acquisition est la volonté de Google de se renforcer fortement sur ce marché cyber. Il fait partie du deuxième axe stratégique aujourd’hui défendu par Sundar Pichai le premier étant l’IA.

Google à la traîne par rapport à AWS et Microsoft

Pour Google, l’enjeu est important par rapport notamment à ces deux rivaux historiques AWS et Microsoft Azure qui accusent une certaine avance sur le sujet. Rappelons que Microsoft n’est rien d’autre que le premier fournisseur mondial de solutions cyber avec un chiffre d’affaires dédié estimé entre 10 et 12 milliards de dollars et des investissements conséquents en R&D. Google, malgré sa surface financière, est un peu moins concentré sur ce sujet. Le géant américain ne peut courir plusieurs -gros- lièvres à la fois. L’IA concentre beaucoup de la puissance d’innovation. Le reste, il faut donc l’acquérir. Google avait déjà déboursé 5,4 milliards de dollars en 2022 pour le rachat de Mandiant et poursuit donc sa quête de technologies. 

Proche de Google, Wiz devrait conserver une certain indépendance

Un rachat qui, s’il se réalise- restera assez particulier puisque Wiz poursuivra sa propre route. La startup devrait ainsi conserver l’ensemble de ses partenariats y compris avec les concurrents de Google. Il doit s’y engager à la fois pour honorer ses contrats mais sans doute aussi de peur de s’attirer les foudres des régulateurs américains toujours plus méfiants dès qu’il s’agit de concentrations impliquant des Gafam. 

Reste qu’une fois la transaction digérée, on imagine aisément les complémentarités technologiques entre les deux acteurs. Tout en renforçant ses compétences et son expertise humaine en cybersécurité, Google donnera accès à sa nouvelle filiale à ses vastes ressources cloud et IA. La paire oeuvrera évidemment plus efficacement dans un environnement GCP et, vu l’avancée de Wiz sur son secteur, définir pourquoi pas de nouveaux standards de la sécurité en cloud. Une chose est sûre, tout en recollant au duo de tête en matières de cyber et cloud, Google fait aussi un gros pari sur la direction prise par les technologies cyber dans un futur proche. Une mise à 23 milliards de dollars.

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