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Journaliste à BFM Business en charge notamment des questions de cybersécurité, je suis heureux de partager avec vous chaque semaine l’actualité du secteur mais aussi ma revue de presse et des tribunes

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Par Frédéric Simottel
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Un fleuron de notre souveraineté en sécurité numérique, né en… 1640

La lettre de Frédéric Simottel n°68

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Lancée dans une profonde transformation numérique depuis bientôt 3 ans, l’Imprimerie Nationale (IN Group) entre en négociations exclusives pour le rachat de la branche Smart Identity d’Idemia pour un montant estimé à 850 millions d’euros. Fabricant de documents d’identité, longtemps associé à l’impression physique, IN Group se renforce ainsi dans la partie numérique de cette activité. Objectif : devenir l’un des tous premiers spécialistes mondiaux de l’identité numérique sécurisée. Son chiffre d’affaires devrait dépasser le milliard d’euros. Ce qui devrait lui permettre de rivaliser avec les géants du secteur notamment sur le marché asiatique, jugée comme l’une des région les plus stratégiques dans le domaine.


« Un fleuron de notre souveraineté en sécurité numérique, né en… 1640 »

Nous sommes toujours à chercher des acteurs français ou européens du numérique capables de rivaliser avec les grands acteurs du secteur et de ferrailler sur le domaine porteur du digital. C’est peine perdue depuis plusieurs années dans le secteur de la micro-informatique. Le retard est aussi trop important dans le cloud public. Nous avons par contre des chances de rester dans la course en ce qui concerne l’IA, voire de dominer un jour le marché du quantique par exemple. Mais avant cela, intéressons nous à ce qui se passe sous nos fenêtres. Nous avons ainsi en France, quelques PME voire ETI très bien placées dans certains secteurs du numériques. Prenons l’exemple d’IN Group.

Son nom de baptême (Imprimerie Nationale) nous replonge aux plus belles heures de notre passé industriel et même au-delà. Ses origines remontent à 1640, lorsque Louis XIII et Richelieu décident de créer au Louvre l’Imprimerie royale. Bénéficiant d’un monopole d’Etat sur la fabrication des passeports, visas et cartes d’identité pour des questions de sécurité nationale, l’entreprise est transformée an 1993 en société anonyme 100% publique.

Rattrapée par la révolution numérique

Elle s’est peu à peu faite rattrapée par la révolution numérique, entrainée vers le passeport biométrique et la carte d’identité électronique. Des innovations qui furent imposées par l’administration américaine traumatisée par les attentats du 11 septembre 2001, afin de mieux contrôler les entrées sur son territoire.

Une chronique d’un déclin annoncé que Didier Trutt son dirigeant depuis 2005 (aujourd’hui président du conseil d’administration) n’a pas voulu écrire. Nommé au conseil d’administration par l’Agence des participations de l’Etat, cet ingénieur a décelé tout le potentiel de cette maison historique.

Il se lance dans une profonde transformation. Il change de nom pour IN Group, profitant de cette nouvelle appellation pour ancrer sa nouvelle stratégie autour du numérique. De 150 millions d’euros en 2009, le chiffre d’affaires atteint 500 millions en 2022, dont plus de 60% à l’export. Autre révolution, les activités de monopole ne représentent plus qu’un tiers des revenus. IN Group s’est diversifié et produit plus de 60 millions de documents sécurisés, titres d’identité en France mais aussi pour des pays étrangers, les cartes sécurisées des fonctionnaires de police, des médecins, des travailleurs du BTP, etc. Les disques enregistreurs des poids lourds, c’est aussi IN Group.

Un chiffre d’affaires proche du milliard d’euros

Une ambition qui se poursuit aujourd’hui, sous la direction de la nouvelle DG Agnès Diallo, avec le rachat en cours de la division Smart Identity d’Idemia. Si l’opération aboutit, le groupe devrait doubler de chiffre d’affaires pour atteindre le milliard d’euros. Ses effectifs passeraient de 2000 à 4000 salariés, dont environ 1500 proviennent des sites industriels de fabrication de titres d’identité d’Idemia situés aux Pays Bas et en République Tchèque ; IN Group ayant sa propre usine près de Douai dans le Nord de la France. En plus du renfort technologique, la nouvelle entité verrait donc ses positions géographiques s’étendre en Europe mais pas seulement, Afrique, Amérique  Latine et surtout Asie.

Standard international et souveraineté française

Derrière cette statégie se dessine tous les défis liés à l’identité numérique, une révolution où nous, entreprises et citoyens sommes tous embarqués. Les échanges sécurisés dans tous les domaines sont devenur cruciaux dans un monde totalement dématérialisé. Les payx eux-mêmes  ont chois de travailler sur l’interopérabilité de leurs schémas d’identité numérique. Cela concernant 80% des habitants de la planète d’ici à 2030. Ces transactions s’appuieront sur des technologies de haute volée sur lesquelles travaille justement IN Group. Le Français pourrait porter deux symboles, devenir une partie intégrante des standards d’échanges mondiaux tout en étant garant de la souveraineté française en matière d’identité. Un modèle dont d’autres secteurs pourrait sans doute s’inspirer.

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